mardi 9 novembre 2010

Un club patriotique et citoyen

Par Mohamed Benfadil

Le sport mène à tout, à condition d’en sortir. Dans une société américaine accueillante et inclusive, le Washington Athletic Club (WAC, www.washingtonmoroccanclub.org) est assurément digne de faire des émules. Né d’un fort sentiment nostalgique en 1988, il aurait pu en rester à perpétuer, chez l’Oncle Sam, la gloire passée du club casablancais de même sigle, pépinière des grosses pointures ayant fait le Bonheur du football national.
Mais sous la houlette d’un patriote inconditionnel, et infatigable, parmi ceux qui ont porté au Zénith le “WAC de Casa” entre 1969 et 1979, le “WAC de Washington” va également, très vite, connaitre un essor extra-sportif, grace justement aux compétences pluridisciplinaires de cet homme.
C’est ainsi que Hassan Samrhouni, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a su mettre ce club au service du renforcement des relations maroco-américaines et, à travers elles, à celui des causes nobles et justes de son pays d’origine. En guise d’entrée en la matière, le Club des Marocains de Washington, comme on aime à le surnommer, s’affirme en effet d’abord comme une équipe de foot recrutant surtout dans les milieux estudiantins et ceux issus de l’immigration. Il donnera la pleine mesure de son efficacité en ce domaine en se sacrant champion de première division de la Ligue internationale de football de Wasington, à quatre reprises, entre 1995 et 2000. Le WAC de Casa peut dormir tranquille, la relève est assurée…outre-Atlantique, pourrait-on dire.
Mais, élargissement de la base de ce club, clairvoyance de ses dirigeants et leur sens du devoir civique aidant, ledit club est bel et bien maintenant prêt à s’envoler vers d’autres horizons. Notamment culturel, économique, social et diplomatique. Sans pour autant perdre de vue cette balle ronde de la concorde grâce à laquelle il a vu le jour. Et sa réputation extra-footballistique et multidimensionnelle entamera son décollage dès 1992 avec le premier Festival marocain des Etats-Unis. Une semaine de vitrine culturelle du Maroc dans la capitale américaine, dont le souvenir restera gravé à jamais dans la mémoire collective de la communauté marocaine et des amis du Maroc.
Cet envol pluridisciplinaire atteindra sa vitesse de croisière avec les festivités marquant le 20eme anniversaire dudit club au mois de mars dernier. Des questions d’une actualité brûlante et d’ordre primordial pour le Maroc y ont été débattues avec brio. Du renouveau amazigh à la sacro-sainte intégrité territoriale, en passant par les problématiques d’accueil et d’aide aux étudiants arrivant chez l’Oncle Sam, tout y est passé.
La nature de la mission d’un tel club ayant horreur du vide, ses dirigeants et ses membres auront toujours, entre deux escales, amour de la mère patrie oblige, quelque chose de socio-culturo-diplomatique à se mettre sous la dent. Ainsi en est-il, à titre d’exemple de la question nationale de tous les Marocains, celle de l’intégrité territoriale. On citera entre autres dans ce registre la manifestation réussie en 2005 devant l’ambassade d’Algérie à Washington pour dénoncer l’attitude provocatrice des autorités algériennes concernant la marocanité du Sahara (www.sahrawi.org) . Ou encore les efforts récents de sensibilisation de l’opinion américaine au non respect des droits humains dans les camps de la honte de Tindouf. Sans oublier le soutien actif de l’offensive diplomatique menée par Ismaili Moulay Salma Ould Sidi Mouloud lors de sa campagne américaine en vue de la libération de son fils Mustapha Salma Ould Mouloud et d’autres militants emblématiques détenus par le Polisario. Mais les actions du club dans ce domaine ne s’arrêtent pas la. Un périple d’envergure est en effet projeté au mois d’avril prochain. Articulé autour de la promotion de l’image du Maroc en général, dans tous les domaines du développement, et de l’autonomie élargie comme unique et incontournable solution au problème du Sahara Marocain, ce projet, s’intitule “Le Maroc en route de Washington, USA, à Laayoune, Maroc”.
Fort de toutes ces performances, le Club des Marocains de Washington, WMC pour les intimes, ne dort jamais pour autant sur ses lauriers quand il s’agit de la solidarité communautaire, de l’image du Maroc, de la question identitaire nationale ou de l’intégrité territoriale. A bon entendeur, salut…en toute sportivité.

Ces banques marocaines qui s’engrassent sur le dos de nos MRE

Par Mohamed Benfadil*

Prtaiques douteuses de change de devises : des règles de jeu claires et strictes s’imposent

Chaque fois qu’il s’est agi de transfert de fonds d’une banque américaine à son alter-ego marocaine, pour régler le prix d’une marchandise, réaliser une transaction quelconque, créer une entreprise ou tout simplement assister un membre de la famille resté au pays, c’est toujours le même refrain qui revient. Il consiste en ce que « le Maroc figure sur la liste A des pays à payement différé» ! Une affirmation des plus curieuses, pour le moins.
Un anachronisme de nature à pénaliser l’attractivité de l’économie marocaine pour l’investissement étranger. Surtout dans un contexte mondial marqué par une crise financière dont le dénouement n’est pas pour demain. Alors que les banques marocaines devraient favoriser à notre diaspora, et à tout client étranger apportant une devise qui se fait de plus en plus rare, un environnement plus accueillant.
Malheureusement, des expériences récentes avec des banques marocaines viennent de prouver le contraire.
Dans ce cotexte, cet article se propose de tirer la sonnette d’alarme et de sensibiliser à une situation qui inquiète tout opérateur faisant des affaires avec le Maroc. Dans l’espoir de remédier à une telle anomalie. Car il y va de la crédibilité même du système bancaire marocain et, partant, de toute son économie.
Mettre fin à ces pratiques quelque peu abusives de certaines banques marocaines renforcerait à coup sûr le dynamisme du potentiel économique du commerce extérieur du Maroc.
Je suis un client de longue date d’Attijari Wafabank, où sont traitées toutes mes transactions entre les Etats-Unis et mes fournisseurs aux Maroc. Le 10 aout dernier, j’ai effectué un transfert en dollars américains au profit de mon fournisseur marocain. Normalement, la banque réceptrice auraient du appliquer le taux de change par elle affiché le jour où ces fonds sont portés au compte de l’expéditeur.
Le 13 août, je suis surpris d’apprendre qu’Attijari Wafabank a crédité mon transfert…en dirhams et avec le taux de change du 10 août! Autrement dit, selon ses documents officiels, la banque a agi comme si ces fonds avaient été reçus trois jours auparavant.
Le directeur général m’a promis de mener une enquête à ce sujet avec « le siege », à Casablanca. Cela fait plus de deux semaines et j’attends toujours…
Selon le site internet officiel de Bank Al Maghrib, la banque centrale marocaine, la valeur du dollar a augmenté entre les 10 et 13 août, allant de 8,47 DH le 10 août à 8,63 DH le 13 août, en passant par 8,54 DH le 11 août.
Attijari Wafabank a donc, en connaissance de cause, appliqué un taux inférieur à celui arrêté par Bank Al Maghrib, empochant de ce fait, indûment, le montant supplémentaire de 5000 DH.
Selon un rapport de la Banque Mondiale du 23 avril 2003, les paiements effectués par les Marocains résidant aux Etats-Unis, même ayant stagné en 2008, continue de figurer parmi les 20 premiers destinataires de transferts avec pas moins de 6 milliards de dollars au titre de l’année 2009. Et ce, malgré la récession économique née en 2008 et ayant privé de leur emploi nombre de Marocains résidant aux Etats-Unis.
Les banques marocaines retiennent, en règle générale, les transferts de l’étranger pour une durée de trois jours a une semaine. Voir deux semaines dans certains cas. Et c’est bien la raison pour laquelle le Maroc est classé parmi les pays « à paiement différé ».
Pour tenter de comprendre ce phénomène, j’ai revu le cheminement des 45 transferts que j’ai récemment envoyés au Maroc. Lesdits transferts quittent la banque émettrice et transitent par une banque intermédiaire, avant d’atterrir dans la banque réceptrice. Laquelle décide enfin de la date de traitement desdits transferts.
Quand le dollar est stable, la banque (Attijari Wafabank, dans mon cas) retient les fonds pour au moins deux semaines. Cependant, dès qu’il fluctue ces montants sont libérés en l’espace de trois jours ouvrables, mais sont changés au taux le plus bas durant cette période.
Il semble donc contraire à toute éthique qu’une banque marocaine, comme Attijari Wafabank, manipule les transferts de l’étranger pour leur seul profit. Surtout lorsqu’on sait que ceux de nos MRE représentent la part non négligeable de 6,74% du produit intérieur brut marocain, qui se chiffre à 88,9 milliards de dollars.
Durant les dix dernières années, le gouvernement marocain a mis les bouchées doubles pour opérer une transformation de son économie en vue de maintenir une croissance soutenue. Il comptait énormément en cela sur la collaboration du secteur privé, de manière à accélérer l’activité économique, attirer l’investissement étranger, atteindre l’objectif des 10 millions de touristes annuellement, mettre en place une structure solide a même de soutenir la croissance espérée et assurer la protection de l’investissement, tant étranger que domestique.
Malheureusement, il semble que le système bancaire ne poursuit que son propre intérêt, sans plan stratégique pour le développement économique du pays. Mettant ainsi en danger les reformes mises en place au milieu de la décennie 1990 pour favoriser la transition d’une économie dite contrôlée vers une économie libéralisée. Un secteur privé efficace et performant, spécialement sa composante financière, étant sensé en être la locomotive.
Et ce ne sont pas les spots publicitaires mettant en scène des jeunes cadres élégants et dynamiques, serrant courtoisement les mains des clients en arborant des sourires parfaits, qui remédieront aux pratiques précédemment décrites. Ces pratiques doivent laisser la place àdes comportements plus responsables avant d’espérer que l’ouverture économique tant mise en avant , sera prise au sérieux par des investisseurs étrangers et domestiques de plus en plus vigilants.
Les victimes de tels abus devraient dénoncer de telles pratiques de banquiers peu scrupuleux, en vue de régler cette question et définitivement refermer ce dossier.
Car ces comportements fâcheux au sein du système bancaire marocain constituent une menace à la fois aux Marocains du monde et à l’économie du Maroc. Il est peut-être grand-temps de lancer ce débat.



*Traduction libérale de Mohamed Benfadil, cet article est paru initialement, jeudi 2 septembre 2010, en anglais dans le site social communautaire www.moroccoboard.com . Il était signé Adil Naji , homme d’affaires et bloggeur maroco-américain.